A French Guy Speaking,
Je suis venu de France et je suis au Québec depuis bientôt 32 ans. C'est vrai que la province est mal «armée» pour accueillir autant d'immigrants, lesquels sont de plus en plus «hétérogènes». Votre texte dit simplement la vérité. N'en déplaise à qui que ce soit.
Le Québec, c'est merveilleux si vous crevez de faim dans votre pays ou s'il y a la guerre. Sinon c'est un pensez-y bien et plutôt deux fois qu'une... Les paysages, c'est bien, mais survivre ici, cela relève du parcours du combattant; et cela peut durer longtemps. Comme je suis un peu sado-maso, j'y suis encore après tant d'années... Mais, c'est surtout en Ontario que j'ai obtenu une «certaine» reconnaissance et un accueil digne de ce nom.
Certes, certains réussissent ici, comme partout ailleurs. Et si vous tournez en rond chez vous, vous tournerez en rond ici aussi. Le Québec, c'est un gros cul-de-sac. Terriblement attachant.
Alain Kadlec
Gatineau, Québec
L’auteur de cet article, Yann Takvorian, fait justement parler de lui dans La Presse de ce matin. Le quotidien publie un dossier sur «Les espoirs déçus des cousins français» et a interviewé plusieurs d’entre eux qui sont retournés outre-Atlantique après un séjour décevant en terre québécoise. M. Takvorian, qui maintient le site Immigrer-contact.com, est lui-même retourné en France récemment, après avoir passé 12 ans ici.
Il y a bien des raisons qui expliquent ces espoirs déçus. Yann Takvorian en soulève quelques-unes dans l’article que nous avons publié, notamment que le gouvernement du Québec fait du recrutement à outrance et dore la pilule aux immigrants potentiels, ce qui garantit que les attentes de plusieurs seront déçues. Il suggère aussi aux Québécois de régler leurs problèmes de société (basse natalité, programmes sociaux en faillite, impôts élevés, etc.) au lieu de penser pouvoir les résoudre avec des immigrants.
Il a certainement réussi à mettre le doigt sur un problème sérieux dans la gestion de l’immigration. Malheureusement, son site contient aussi un tas de «témoignages» de la part de Français frustrés, qui réagissent comme des amoureux éconduits en déversant un fiel invraisemblable sur tout ce qui touche le Québec. La Presse rapporte plusieurs de ces propos et d’autres qu’on retrouve sur un autre site qualifié à juste titre de «défouloir anti-Québec». Des propos aussi crétins que les commentaires anti-Français qu’on entend dans la bouche de certains Québécois. La plupart de ces Français n'auraient jamais dû tenter l'expérience de l'immigration, et le Québec n'a rien à y voir.
J’ai eu l’occasion de côtoyer beaucoup d’immigrants au fil des ans, dont plusieurs Français, et j’ai pu constater des réactions extrêmes et totalement contradictoires. Pour certains, le Québec est un magnifique endroit où les gens sont ouverts et accueillants, et où il est facile de refaire sa vie parce qu’on n’y retrouve pas les rigidités des sociétés du vieux continent. Pour d’autres, c’est plutôt moche, on mange mal, c’est cher, les gens sont ignorants et refermés sur eux-mêmes, et si c’était à refaire ils auraient évité de venir perdre leur temps ici. La réalité est sans doute quelque part entre les deux. Le Québec n’est ni un eldorado, ni un trou de paumés.
Il est clair par ailleurs que quand on vient d’un pays prospère (malgré tout, si on compare avec Haïti ou la Chine) comme la France, avec un héritage culturel aussi riche, il faut avoir de bonnes raisons de venir refaire sa vie ici. Les opportunités de réussir ne sont pas tellement plus grandes – si elles le sont. Et plusieurs partent sur un coup de tête, parce qu’ils en ont marre des impasses politiques ou de l’insécurité dans les banlieues. Avec en tête une vision idéalisée du Québec, des grands espaces, des Français d'Amérique, etc. Il faut pourtant avoir de très bonnes raisons pour se déraciner ainsi socialement. C’est pourquoi, selon les données officielles, un Français sur cinq retourne en France. D’autres disent que cette proportion est encore plus élevée.
Évidemment, comme dans toute nouvelle qui relate des «problèmes de société» persistants, on peut en retracer la source chez nos amis les politiciens et les bureaucrates. On ne parle même pas ici du problème de base qui est que dans une société véritablement libre, il n’y aurait pas de politique d’immigration. Les gens pourraient s’installer où ils veulent, mais sans avoir droit à quelque privilège ou service étatisé que ce soit, et uniquement dans la mesure où ils trouveraient localement des gens avec qui transiger volontairement pour obtenir ce dont ils ont besoin (logement, emploi, services, etc.). Beaucoup d’immigrants qui viennent simplement nous parasiter n’auraient jamais reçu la bénédiction et les papiers officiels de l’État pour venir le faire et seraient restés chez eux. Et personne ne pourrait se plaindre d’avoir été berné.
Non, c’est bien plus simple. Toutes les personnes interviewées s’entendent pour dire que le vrai problème est la non-reconnaissance de leurs diplômes, notamment à cause des règles strictes des corporations professionnelles. Bref, les raisons habituelles: protectionnisme, corporatisme, niaisage bureaucratique. Jean Charest a promis de régler le problème avant les fêtes du 400e anniversaire de Québec. Croisez-vous les doigts…
Source : Martin Masse
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