Friday, September 2, 2011

L’intégration des Marocains au Canada ; un chemin long et difficile

Après plusieurs années de procédures administratives, les Marocains arrivent au pays de l’érable. De cette émigration, ils attendent beaucoup. Mais leur intégration reste un chemin parsemé d’épines. 
 
Armés d'optimisme, disposant dans leur majorité de formations qualifiantes et d'expériences professionnelles, des Marocains émigrent au Canada. Ils ont, pour ce faire, dépensé en moyenne 40 000 DH par personne pour les frais de procédure et de visa, parfois plus quand ils ont fait appel à des intermédiaires, tels que les consultants en immigration. Une fois sur place, il leur faut financer leur installation et disposer de suffisamment d'argent pour vivre pendant plusieurs mois en attendant de trouver un travail.

Des débuts difficiles

Quand les moyens sont limités, les débuts sont durs. Se loger, trouver un premier emploi ou s'acclimater au grand froid sont autant de difficultés qui entravent l'installation des nouveaux migrants marocains. Les données officielles montrent qu'en moyenne, un Marocain a besoin de plus de deux ans pour décrocher son premier emploi au Québec.

Le chômage touche plus 30% des Marocains du Canada. La sélection canadienne se fait sur les critères de l'âge, de l'instruction et de l'expérience professionnelle. Une fois sur place, les portes ont du mal à s'ouvrir. Au Canada, les diplômes universitaires et les formations qualifiantes ne sont pas reconnus. Retour donc aux bancs de l'apprentissage et de la mise à niveau. Les migrants n'étant pas encore naturalisés, il leur faut payer le prix fort. Souvent, ils contractent des prêts bancaires, qu'ils doivent rembourser sur plusieurs années. Qu'il s'agisse de juristes, d'avocats, d'architectes ou de médecins, il est impossible d'exercer son métier sans passer par des nouvelles formations. Ensuite, il faut avoir l'homologation des ordres des professions. Un vrai casse-tête pour les primo-arrivants. L'influence des syndicats et des ordres professionnels est tellement forte que le Québec reste un pays très corporatif.
Les immigrants marocains sont jeunes (entre 30 et 45 ans), hautement instruits et francophones. Mais les conditions d'intégration restent difficiles, à commencer par l'accès au marché de l'emploi. Nombre de hauts cadres se retrouvent ainsi obligés de vivre des minimas sociaux (Bien-être social). Ils sont des milliers à être contraints d'exercer des sous métiers. Il est ainsi très courant de rencontrer un architecte faisant fonction de courtier d'immobilier, un médecin exerçant comme aide-soignant ou chauffeur de taxi. Que de familles se retrouvent ainsi au bout de la première année de résidence au Canada ! Elles sont nombreuses bien qu'il n'existe pas données sur la question qui reste comme un tabou. Ceux qui réussissent leur intégration sont, pour la plupart, arrivés jeunes, ont étudié et obtenu des diplômes canadiens. Les autres doivent emprunter des sentiers jalonnés d'obstacles. L'intégration des Marocains au Canada se passe beaucoup dans la douleur.

Le nombre des Marocains qui s'installent au Canada n'a cessé d'augmenter depuis trois décennies. Selon Statistique Canada, ils sont plus de 110 000 aujourd'hui. Dans leur majorité, ils choisissent le Québec, la province francophone. Près de 88% résident dans la région métropolitaine de Montréal. Les Marocains des provinces anglophones représentent une minorité (12%), ils résident en Ontario, principalement à Toronto et à Ottawa. Ils sont 55 000 enregistrés auprès du consulat général du Maroc à Montréal.
L'immigration marocaine représente 8,1% de l'immigration canadienne totale. Elle dépasse l'immigration française, devenant la plus importante du Canada, juste après l'immigration chinoise. Entre 2004 et 2008, le Maroc s'est classé comme le troisième pays de provenance des immigrants admis au Québec avec 16 406 nouveaux arrivants (7,4% du nombre total d'immigrants) dont 3579 en 2008 et 5400 en 2010. 62,1% des nouveaux arrivants ont 14 années de scolarité et plus. Les femmes en constituent la moitié.
Par ailleurs, les Marocains sont la première communauté maghrébine du Canada. Ils se répartissent en quatre catégories. Celle des « travailleurs qualifiés », disposant d'un niveau d'instruction assez élevé. Vient ensuite celle du « regroupement familial » où, le plus souvent, un résident permanent déjà installé fait venir sa famille au Canada. La troisième catégorie concerne les étudiants. Ils représentent 5% des étudiants étrangers au Québec, sans compter ceux qui ont la double nationalité. Dans les grandes universités, ce chiffre est beaucoup plus important. A l'université de Montréal, les étudiants marocains arrivent en deuxième place après les Français. Ils arrivent à réussir et à s'intégrer facilement. La quatrième catégorie, une minorité, est celle des « investisseurs et d'entrepreneurs » admis en tant que migrants qui sont de l'ordre d'un millier.

Avant de partir outre- Atlantique, les immigrants devraient ainsi s'informer davantage sur les possibilités de carrière. Aujourd'hui, ce sont les «petits métiers» qui marchent. La baisse démographique que connaît le pays entraîne des pénuries de main d'œuvre dans les secteurs des services, du bâtiment ou l'alimentation.

Source : Fouzia Benyoub - www.dimabladna.ma

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